Déclaration du groupe «La vision chrétienne» à propos du congé forcé de Mgr Artemios, contraint de laisser son diocèse de Grodno
Organisation"Christian Vision"
Belarusian inter-Christian association, created during peaceful protests of 2020.
Information about the «Christian Vision». Founding statement of the «Christian Vision» Working Group. The mission of the «Christian Vision».
9 juin 2021
Le 8 juin 2021 le Synode de l’Eglise Orthodoxe Bélarusse a pris la décision d’intercéder auprès du Patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyrille et le Saint Synode de l’Eglise Russe, afin de donner la retraite à l’Archevêque Artemios de Grodno et Volkovyssk pour des raisons de santé.
Le 9 juin cette proposition a été prise en considération par les membres du Saint Synode de l’Eglise Orthodoxe Russe et une suite lui a été donnée. Cette décision se fonde selon l’article V.26.a. Des statuts de l’Eglise Russe, et considéré comme «cas exceptionnel».
De fait cette décision n’est rien d’autre qu’un licenciement forcé sous un faux prétexte de «l’état de santé». On peut le déduire par le simple fait que l’archevêque lui-même n’a pas effectué la demande de congé et la vitesse avec laquelle cette décision a été affirmée n’est pas à négliger.
Il faut supposer que la raison véritable de ce licenciement, comme celui de l’Exarque Paul en août 2020, est dans une position morale courageuse, prise par ces deux évêques pendant la crise sociale et politique qui a commencé en Biélorussie en été 2020.
Cette crise qui perpétue jusqu’à maintenant a été provoquée par la falsification des résultats des élections présidentielles et le maintien forcé du pouvoir par l’ex président de la République du Bélarus Alexandre Loukachenko. L’aggravation de cette crise est aussi due aux violences, persécutions et repressions commises envers les citoyens de la République du Bélarus qui ont osés déclarer leur désaccord avec iniquité, la violation des principes démocratiques Constitutionnels et le non-respect des droits et libertés de l’Homme.
Monseigneur Artemios a été l’un des premiers, parmi les représentants des autorités ecclésiastiques, à se positionner comme témoin de Vérité pendant son homélie du 14 août 2020 ou il a dit : » On ne peut jouer avec la Vérité, en la déformant et la défigurant à des fins politiques, car la Vérité est un phénomène le sens duquel précède Dieu Lui-Même ! Et si on prend la Vérité entre des guillemets et on la transforme en mensonge par un simple geste, on offense Celui Qui est le Père de la Vérité. Et là, un autre père sort sur l’arène, le père du mensonge, qui, comme on le sait selon la Parole de Dieu, se fait appeler le diable…Ainsi, soyons justes, tous les faits mensongers, violents et cruels doivent être enquêtés en toute honnêteté afin que justice soit faite et la Vérité triomphera !»
Dans son homélie du 16 août Mgr Artemios a déclaré que : » La position d’un homme de foi est telle – il ne peut se concilier avec le mal, il ne s’incline pas devant ceux qui ont le pouvoir, mais fait ce que le Christ a ordonné.»
L’Archevêque Artemios a témoigné de la vérité de l’Evangile non seulement en temps de crise, il a toujours été un évêque aimé et respecté dans l’Eglise Orthodoxe Bélarusse, des milliers de personnes sont passés comme ses étudiants : des jeunes, des laïcs actifs, des théologiens. Il a été un véritable père pour son troupeau, son diocèse fonctionnait sur des principes de dignité, de la confiance mutuelle et du respect. Dans le diocèse de Grodno il y avait un fort mouvement des laïcs, des fraternités orthodoxes des jeunes, ainsi qu’un groupe de travail sur l’écologie.
A mi-août 2020 Mgr Artemios a reçu une lettre ouverte avec des remerciements avec plus de 300 signataires (prêtres, théologiens, intellectuels, laïcs et autres travailleurs de l’Eglise Orthodoxe Bélarusse) pour sa prise de position honnête et courageuse.
Le congé forcé donné à Mgr Artemios ne fait que nuire à l’image de la hiérarchie de l’Eglise aux yeux des croyants, mais aussi nuit à l’image de l’Eglise Orthodoxe dans la société Bélarusse.
Nous prononçons notre désaccord avec ce congé forcé et politiquement motivé, nous sommes en désaccord avec l’utilisation aussi arbitraire de notre tradition canonique.
Nous condamnons fermement cette action de l’Eglise Orthodoxe Bélarusse et de l’Eglise Orthodoxe Russe. Cette action n’a pas de fondement canonique et est de nature simplement répressive. Nous appelons ceux qui ont participés à la préparation de cette intrigue ou qui y ont pris part en gardant un silence indiffèrent de changer d’avis et faire le nécessaire afin de rétablir la justice.
Nous saluons la solidarité des clercs, théologiens et laïcs de l’Eglise Orthodoxe Bélarusse qui soutiennent Mgr Artemios, sans oublier les clercs et les croyants des autres confessions. Nous saluons des évêques qui ont refuses de prendre part à cette débauche canonique envers leur confrère.
On aimerait attirer l’attention des Eglises qui sont à l’étranger, des organisations œcuméniques et de la société internationale sur le fait que ce congé forcé n’est qu’un exemple parmi d’autres des pressions commises sur l’Eglise et ses représentants par le pouvoir Bélarusse. Ceci est une violation des principes de la laïcité et du principe de séparation des Eglises et de l’Etat, et de fait est une persécution pour la foi.
Nous appelons les chrétiens à la solidarité avec Mgr Artemios, injustement persécuté aujourd’hui.
Nous exprimons notre profond respect et la gratitude à Mgr Artemios pour sa hardiesse lors de ses sermons, pour sa bravoure et détermination de défendre les principes de la paix et de la justice, pour sa voix prophétique et pour l’espoir de l’avenir de l’Eglise Orthodoxe Bélarusse.